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4 août 2017

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Le 30 octobre 1980, Michel COLUCCI, dit Coluche organise une conférence de presse où il annonce son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 1981, avec des slogans tels que « Avant moi, la France était coupée en deux. Maintenant elle sera pliée en quatre » ou encore « Coluche, le seul candidat qui n'a pas de raison de mentir »...
Certains y voient une blague, pourtant un sondage le crédite de 16 % d'intentions de vote... Cette candidature inquiète les équipes de campagne des principaux candidats. Parmi ceux-là, François Mitterrand y voit une menace potentielle...





Introduction:


Michel Colucci, dit Coluche, est un humoriste et comédien français d'origine italienne, né le 28 octobre 1944 dans le 14e arrondissement de Paris et mort le 19 juin 1986 à Opio (Alpes-Maritimes).


Fils de Honorio Colucci, originaire d'un petit village italien de la région de Frosinone, Casalvieri, et de Simone Bouyer, il grandit à Montrouge. Il adopte le pseudonyme « Coluche » à l'âge de 26 ans, au tout début de sa carrière.






Revendiquant sa grossièreté mais, selon lui, « sans jamais tomber dans la vulgarité », Coluche donne très tôt un style nouveau et sarcastique par sa liberté d'expression, au music-hall, en s’attaquant notamment aux tabous, puis aux valeurs morales et politiques de la société contemporaine. En 1975, il devient célèbre en parodiant un jeu télévisé : Le Schmilblick.


Avant 1976, il occupe des rôles de second plan au cinéma avant de camper des personnages plus centraux puis de tenir le haut de l'affiche durant les années 1980, essentiellement pour des comédies. En 1984, il obtient un César du meilleur acteur pour son rôle dramatique dans Tchao Pantin.

Tour à tour provocateur ou agitateur par ses prises de position sociales, il se présente à l'élection présidentielle de 1981 avant de se retirer sous la pression des milieux politiques.

Devenu très populaire et apprécié du public, il fonde en 1985 l'association Les Restos du cœur, relais d'aide aux plus pauvres, quelques mois avant de mourir dans un accident de moto.

La candidature de Coluche lors de l'élection présidentielle française de 1981 est au début une simple plaisanterie, puis devient sérieuse lorsque des sondages le créditent de plus de 16 % d'intentions de vote. À partir de ce moment, diverses pressions sont exercées sur l'humoriste, incluant des menaces de mort, pour que ce dernier renonce à se présenter. Il annonce son retrait le 16 mars 1981 en affirmant avoir reçu assez de promesses de signatures pour que sa candidature soit valide.

Déclaration de candidature

Pour avoir parlé des diamants de Valéry Giscard d’Estaing sur l'antenne de RMC et avoir lâché « Bonjour. Nous sommes en direct du rocher aux putes » (faisant référence au rocher de Monaco), Coluche et son assistant Romain Goupil sont renvoyés par le directeur de la radio Michel Bassi (ancien chef du cabinet de Giscard d'Estaing), le 2 février 1980, après avoir été engagés le 21 janvier1.

Privé de voix sur les ondes, son ami Romain Goupil (qui a déjà organisé la campagne présidentielle d’Alain Krivine en 1969) lui suggère de se présenter à l'élection présidentielle française de 1981 afin de prendre la parole librement dans les médias et que personne ne puisse le censurer. Mais initialement « c’était une farce, une énorme farce » de soixante-huitard, reconnaît Goupil, une irrévérence envers des politiques installés depuis trente ans.

Pendant plusieurs mois, avec Romain Goupil et son régisseur et factotum Jean-Michel Vaguelsy, il prépare son programme et fait convoquer la presse le 30 octobre 1980 dans le théâtre du Gymnase. Fidèle à lui-même, revêtu d'une veste queue-de-pie sur sa salopette et d'une écharpe tricolore, sa déclaration de candidature « bleu-blanc-merde » ne manque pas de saveur :



"J'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s'inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle".

Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche.

"Le seul candidat qui n'a aucune raison de vous mentir !"

Il lance également son slogan de campagne : « Jusqu’à présent la France est coupée en deux, avec moi elle sera pliée en quatre ! ».

Campagne

Il s'y jette avec ardeur, bientôt soutenu par Paul Lederman sous la bannière de la dérision et patronné par Cavanna en tête et l'équipe d'Hara-Kiri (dont Gébé). Coluche est depuis longtemps un compagnon de route des romans-photos et des bouclages du journal « bête et méchant ». Il sera le « candidat nul », avec pour tout programme « d'emmerder la droite jusqu’à la gauche.

Au début, tout le monde croit au canular et au coup médiatique, mais le 14 décembre, un sondage publié par le Journal du dimanche le crédite de 16 % d'intentions de vote (interprétation erronée car la question formulée par le sondage était « Pourriez-vous envisager de voter pour Coluche?"). C'est la panique chez les principaux candidats. Coluche reconsidère alors le sérieux de sa candidature et décide de s'y engager véritablement. Plusieurs sondages le placent quasiment en troisième position, avec 10 à 12 % d'intentions de vote. Ainsi le sondage présidentiel Ifop-Le Point réalisé du 26 décembre 1980 au 2 janvier 1981 donne : Valéry Giscard d'Estaing 32% ; François Mitterrand 18% ; Georges Marchais 14,5% ; Coluche 11% ; Jacques Chirac 8% ; Michel Debré 7% ; Brice Lalonde 3,5%.






Soutiens

Des ralliements hétéroclites soutiennent le candidat Coluche : du poujadiste Gérard Nicoud, leader de la CIDUNATI, au comité d'intellectuels conduit par Félix Guattari, avec parmi eux Pierre Bourdieu et Gilles Deleuze, mais aussi Alain Touraine. Le soutien de Gérard Nicoud occasionne d'ailleurs le départ de Romain Goupil, en désaccord avec Coluche sur ce rapprochement.

Brice Lalonde déclare que ce Michel Colucci est peut-être « l'un des meilleurs candidats de gauche ». Le Nouvel Observateur consacre sa une au phénomène Coluche (la même semaine que l'annonce de la candidature de François Mitterrand).

Coluche s'étant pris finalement au sérieux, sa candidature canular à l'origine se transforme en contestation du système établi, prenant une teinte populiste : « un pour tous, tous pourris », « voter pour moi, c'est voter contre la politique » proclame-t-il.

Stratagème

Selon Jacques Attali (dans son livre C'était François Mitterrand publié en 2005), c'est lui-même, pour le compte de François Mitterrand qui aurait piloté la candidature de Coluche. L'auteur fait remarquer que généralement le grand public ignore ce fait et soutient que « dès le début, Coluche travaille avec son ami Attali dans le but de faire élire Mitterrand ».




Censure

François Mitterrand, le candidat du Parti socialiste, pressent que Coluche risque de lui prendre de nombreuses voix et pourrait donc l'empêcher d'atteindre le second tour des présidentielles. François Mitterrand envoie alors Gérard Colé (voire Jacques Pilhan) et Jean Glavany persuader Coluche d'abandonner sa candidature pour rejoindre le Parti socialiste. Il se méfie et refuse l'offre. Coluche aurait également refusé l'offre de Jean-Pierre Soisson, l'émissaire de Valéry Giscard d'Estaing.


Valéry Giscard d'Estaing est depuis plusieurs années la cible de Coluche. Pour déstabiliser le président de la République, il pourrait user de l'affaire des diamants révélée par Le Canard enchaîné en 1979. Une consigne aurait alors été passée sur les trois chaînes de télévision française et le réseau de Radio France (qui sont publiques et dont les directeurs sont nommés par l'exécutif) : Coluche n'a pas droit de cité. Tandis qu'au Gymnase, le public le rappelle sur l'air de « Coluche président », le boycott des médias s'organise.






Mais il persiste et sa popularité ne faiblit pas. Des méthodes plus radicales et illégales auraient alors été employées. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christian Bonnet donne l'ordre aux Renseignements généraux au sein du groupe Dauvé16 (RG dépendant de Christian Bonnet et de Valéry Giscard d'Estaing) d'espionner et de rechercher tous faits pouvant discréditer Coluche (archivés dans dossier numéro 817 706). C'est ainsi que L'Express reçoit des informations qu'il publie le 27 décembre 1980, où l'on apprend que Coluche a été condamné à 3 000 francs d'amende pour outrages à agent de la force publique.

Les choses commencent à mal tourner : le journal Minute exhume un procès-verbal relatant un larcin de Coluche à l'âge de 19 ans. René Gorlin, régisseur de Coluche, est retrouvé par la police (27 novembre), abattu de deux balles dans la nuque. Mais il semblerait que la police se garde de dire que c'est un crime passionnel, ce qui laisse Coluche supposer que ce meurtre est lié à sa candidature.

Il reçoit alors des lettres anonymes et coups de téléphone menaçants sur les risques à conduire en moto… Il reçoit une menace de mort signée du groupe Honneur de la Police fustigeant son rôle dans Inspecteur la Bavure.

Cependant, il est davantage un candidat à la candidature qu'un candidat à la présidentielle, car pour pourvoir se présenter à l'élection, il lui faut réunir 500 signatures de parrainage, qu'il n'aura pas. Le 9 février, Coluche se vante auprès de la presse anglo-saxonne d'avoir recueilli 632 promesses de signatures d'élus. Romain Goupil avouera qu'il n'en avait recueilli finalement qu'une.

Les rumeurs lui reprochent d'avoir approché le poujadiste Gérard Nicoud dont il reçoit le soutien. En désaccord, Romain Goupil quitte le groupe.
Abandon

Coluche, victime de pressions et même de menaces, annonce le 16 mars 1981 qu'il renonce à sa candidature, sans plus d'explication que « Je préfère que ma candidature s'arrête parce qu'elle commence à me gonfler. »et il proclame alors son intention d'entamer une grève de la faim jusqu’à ce que cesse la censure qui le frappe à la télévision et à la radio. Il annonce cesser sa fausse grève le 29 mars 1981 après un malaise et, le 7 avril, renonce à se présenter. Il appelle à voter pour François Mitterrand qui sera élu le 10 mai 1981. Coluche est invité, le soir même, au siège du parti socialiste, pour fêter la victoire de la gauche.
Bibliographie
Coluche président : par Coluche, initialement en février 1993 chez Laffont puis, J'ai Lu, librio Martinguale (paru le 1er septembre 1994)
Coluche !, Frank Tenaille, Le Club des stars, 1986
Filmographie
Coluche, l'histoire d'un mec racontant ces événements de 1980-1981, avec François-Xavier Demaison dans le rôle de Coluche, réalisé par Antoine de Caunes, 15 octobre 2008.
Documentaires télévisés
« Coluche, un clown ennemi d'État », en novembre 2011 et mars 2013 sur France 3, 56 minutes, réalisateur Jean Louis Perez.
« Coluche président ! un candidat à abattre » dans Secrets d'actualité le 3 avril 2001 sur M6












Les restaurants du coeur:

Sur l'antenne d'Europe 1, le 26 septembre 1985, l'humoriste appelle ceux qui sont intéressés par son projet de cantine gratuite à entrer en contact avec lui. En décembre, ce sera la naissance des premiers Restos du choeur.

Il y a tout juste 30 ans. Nous sommes le 26 septembre 1985. Coluche est en direct sur l'antenne d'Europe 1, pour son émission quotidienne Y’en aura pour tout le monde. L'humoriste se lance : "Si, des fois, il y a des marques qui m'entendent, s'il y a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer à faire à Paris et puis qu'on étalerait après dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto qui aurait comme ambition au départ de faire 2.000 ou 3.000 repas par jour gratuitement".

Et l'humoriste de poursuivre. "Tout ceux qui sont intéressés, tout ceux qui ont des grosses cantines qui ont des restes, tout ceux qui sponsorisent: on est prêts à recevoir les dons de toute la France. Quand il y a des excédents de bouffe et qu'on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, nous on pourrait peut-être les récupérer. On essaiera un jour de faire une grande cantine, peut-être cet hiver, gratos. Je lance l'idée comme ça. S'il y en a qui nous écoute et que ça intéresse ils nous écrivent".



Décès de COLUCHE

Le 19 juin 1986, Coluche, accompagné de deux de ses amis, Ludovic Paris et Didier Lavergne, quitte Cannes à 16 h 15 pour rentrer à Opio sur une moto (Moto Honda 1100 VFC, siège rouge et carrosserie noire). Il trouve la mort sur le trajet entre ces deux localités à 16 h 35 ; soit à moins de quatre kilomètres de la villa qu'il a louée et qu'il doit quitter, d'après Philippe Boggio, le lendemain. Conformément aux résultats de l'enquête de gendarmerie et contrairement aux déclarations du chauffeur du poids lourd à l'origine de l'accident, si Coluche ne porte pas de casque (accroché au guidon) durant ce trajet, il roule à vitesse modérée ; soit, selon l'expertise, à environ 60 km/h, en-deçà des 90 km/h maximaux autorisés. Dans une ligne droite entre deux virages, le camion en face lui coupe brusquement la route (selon ses deux amis derrière lui), sur la route de Grasse, Départementale 3 entre Valbonne et Châteauneuf-Grasse. Le drame survient en fin de ligne droite, peu avant le croisement de la route de Cannes et du chemin du Piol à Opio alors que le camion, un semi-remorque benne chargé de gravats provenant de la gendarmerie de Grasse, tournait vers une décharge. Le choc se produit entre 16 h 30 et 16 h 35, heure de la mort selon l'Agence France-Presse. Pourtant motard expérimenté, l'humoriste ne peut rien faire, sinon braquer le guidon de sa moto pour l'éviter, espérant passer sous le camion mais il ne réussit pas cette manœuvre. Sa tête percute l'avant droit du véhicule, au niveau du phare. Le choc violent lui est fatal.

Les circonstances entourant cet accident vont donner lieu à plusieurs rumeurs d'assassinat. Un ouvrage, publié en 2006, décrit les conditions dans lesquelles l'intervention de la gendarmerie locale et l'enquête policière ont été menées en 1986 Coluche, l'accident de Jean Depussé et Antoine Casubolo. De plus, le livre précise que l'enquête est alors dirigée par le juge Jean-Paul Renard, dont les auteurs indiquent qu'il sera aussi impliqué dans l'affaire du tribunal de Nice et dont les pratiques locales considérées comme peu déontologiques ont entraîné une condamnation et de lourdes sanctions du conseil supérieur de la magistrature.

Très longtemps resté silencieux, Albert Ardisson, le chauffeur impliqué dans l'accident, dit avoir été traumatisé par l'événement.

Coluche est inhumé le mardi 24 juin 1986 à 10 h 30, au cimetière de Montrouge, dans le 14e arrondissement parisien, près de la porte d'Orléans. De nombreuses personnalités de l'industrie du spectacle sont présentes à son enterrement. La cérémonie funéraire est célébrée par l'Abbé Pierre, lequel déclare alors : « Si vous entendez quelqu'un dire qu'il ne respectait rien, dites-leur que ce n'est pas vrai ! Je suis témoin ».

À une centaine de mètres de l'accident, à hauteur du carrefour du Piol, entre Opio et Valbonne, un lieu de recueillement est aménagé et fait l'objet d'un rassemblement annuel de motards, au mois de juin. Une peinture murale représentant Coluche est peinte sur une petite bâtisse abritant un transformateur électrique. À côté se trouve une stèle, régulièrement fleurie par des riverains et visiteurs. Le carrefour du Piol a été rebaptisé « rond-point Coluche » le 23 juin 201337.

La bataille autour de l'héritage de Coluche commence dès sa mort, ses deux fils Marius et Romain Colucci (qui ont d'abord refusé la succession, « à cause des dettes colossales », puis ont accepté l'héritage au début des années 1990) étant en conflit ouvert avec Paul Lederman, l'imprésario-producteur de l'humoriste. Cette bataille prend une dimension juridique quand Marius et Romain assignent la société de production de Paul Lederman en justice, d'abord au civil en 1998, puis au pénal en 2009. Le conflit porte sur les redevances des droits d'auteur attachés à l'exploitation des enregistrements phonographiques de Coluche, son ex-femme Véronique Kantor ayant reçu la totalité de ces redevances pour la période de leur mariage et ayant cédé ces droits en 1988 à Lederman moyennant une contrepartie financière.



aminegociateur - 02/2017 - tous droits réservés.

Remerciements à wikipedia, le monde, france télévision, ina, france info et radio france, et la famille de Coluche pour son aimable permission.

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